Les messages de santé publique sont-ils contre-productifs ?
Afin de freiner l’épidémie d’obésité actuelle, les gouvernements s’engagent dans des campagnes de santé publique. Cependant, les messages transmis peuvent avoir un effet contre-productif, particulièrement lorsque les consommateurs les perçoivent comme un ordre qui restreint leur liberté. Les chercheurs de cette étude américaine se sont intéressés à différents types de messages (à une ou deux dimensions) et à leurs conséquences sur la perception et le comportement des consommateurs.
Dans la première étude, les chercheurs ont examiné 380 étudiants, au régime (restreints) ou non. Ils leur ont présenté un message unilatéral négatif (« tous les desserts sont mauvais »), positif (« tous les desserts sont bons ») ou neutre (« tous les desserts sont des aliments ») et se sont intéressés à leur perception d’aliments non sains. Dans une deuxième partie, 397 sujets ont regardé un vidéo clip en mangeant des cookies après avoir été exposés à l’un des trois messages et ont ensuite été interrogés sur leur «réactance», définie comme le fait d’agir à l’encontre du message, lorsque le sujet estime sa liberté restreinte. Puis, une deuxième étude a comparé les messages négatif et positif de l’étude précédente à un message à deux dimensions : « tous les desserts ont bon goût mais sont mauvais pour votre santé ». Après l’exposition au message, les participants devaient choisir un snack pour chaque jour pendant deux semaines parmi 5 options saines et 5 non saines.
Les résultats de la première étude montrent que l’exposition au message négatif induit une réactance plus élevée (plus de pensées positives envers les aliments non sains) chez les personnes restreintes que chez les autres sujets. Dans la deuxième partie, les participants restreints exposés au message négatif ont mangé plus de cookies que ceux exposés au message positif. Dans les deux études, les scores de réactance étaient significativement plus hauts chez les sujets restreints exposés au message négatif que chez ceux exposés au message positif, neutre ou à deux dimensions. Dans la seconde étude, le choix des snacks des personnes restreintes exposées au message négatif s’est d’avantage tourné vers les options moins saines que pour les personnes restreintes exposées au message positif ou à deux dimensions. Chez les sujets exposés au message à deux dimensions, ceux suivant un régime ont choisi moins de snacks non sains que les autres, indiquant qu’ils sont plus à même d’obtempérer à un message expliquant à la fois les effets positifs et négatifs d’une alimentation.
Cette étude démontre que des sujets suivant un régime exposés à un message nutritionnel orienté uniquement sur les aspects négatifs d’un produit auront une envie et une consommation accrues de cet aliment alors qu’ils répondront favorablement à un message présentant à la fois les aspects négatifs et positifs d’un aliment.
Source:
Pham, Nguyen and Mandel, Naomi and Morales, AndreaC., Journal of the Association for Consumer Research, January 2016,Vol1:175-190*64010 MessagesfromtheFoodPolice:HowFood-RelatedWarningsBackfireAmongDieters