Le plaisir… un allié pour manger sain !
La recherche en alimentation associe souvent les concepts de surconsommation – ou l’échec de l’autorégulation – au plaisir de manger, ainsi considéré de manière négative. Le plaisir représente alors la satisfaction des impulsions viscérales, en réponse à des signaux internes ou externes.
La recherche sur les aspects socio-culturels de l’alimentation a, au contraire, développé une vision positive du plaisir alimentaire : plus durable, basé sur l’appréciation sensorielle et la valeur symbolique des aliments, il est nommé « épicurien ».
Dans cet article, les auteurs ont développé puis testé une échelle mesurant le plaisir épicurien et ont ensuite comparé leurs résultats à ceux obtenus avec des échelles mesurant le plaisir viscéral (échelles d’alimentation en réponse à des signaux externes et aux émotions). Ils ont ensuite étudié les associations entre le plaisir épicurien et viscéral et deux paramètres liés à l’alimentation – la restriction alimentaire et l’inquiétude pour sa santé, ainsi qu’avec des variables démographiques. Enfin, l’association entre les deux types de plaisir, les préférences de taille de portion et le bien-être ont été analysés.
250 Américains ont répondu aux différents questionnaires validés préalablement.
Les résultats ont montré que les tendances au plaisir épicurien et viscéral étaient bien distinctes.
Les femmes ont obtenu des scores de plaisir épicurien significativement plus hauts que les hommes (alors que les paramètres d’âge, revenu, éducation et IMC n’avaient pas d’impact).
Les scores de plaisir viscéral ont été positivement corrélés à l’IMC.
La préférence pour des grosses portions était négativement corrélée au plaisir épicurien mais très positivement corrélée au plaisir viscé- ral. Les mangeurs restreints, tout comme les personnes soucieuses de leur santé ont eu tendance à préférer de petites portions (mais avec un «coût hédonique»).
Enfin, le score de bien-être était positivement corrélé au plaisir épicurien et très négativement corrélé aux scores d’alimentation en réponse à des signaux externes et aux émotions. Le bien-être était également négativement corrélé à la préférence pour des grosses portions et à la restriction alimentaire.
Sur la base de ces résultats, les auteurs plaident pour une approche holistique, dépassant l’approche moralisatrice qui associe plaisir alimentaire à plaisir viscéral de « bas-niveau ». Ils incitent à reconnaître le rôle positif du plaisir épicurien qui favorise une alimentation saine et le bien-être.
Sources: Pleasure as an ally of healthy eating? Contrasting visceral and Epicurean eating pleasure and their association with portion size preferences and wellbeing. Cornil Y1, Chandon P2.