22615
post-template-default,single,single-post,postid-22615,single-format-standard,stockholm-core-1.1,select-child-theme-ver-1.1,select-theme-ver-5.1.8,ajax_fade,page_not_loaded,wpb-js-composer js-comp-ver-6.10.0,vc_responsive

L’obésité stagne mais la maigreur augmente chez les jeunes filles

Selon des chiffres inquiétants publiés ce mardi, le phénomène s’amplifie fortement.

Trouble du comportement alimentaire, pauvreté, image du corps déformée par les magazines où s’affichent des jambes toujours plus fines, des ventres toujours plus plats… Les explications sont multiples mais le constat est là : la maigreur pèse sur les enfants. Elle a même augmenté de «manière significative», dit l’instructive étude publiée ce mardi par Santé publique France sur l’évolution de la corpulence des enfants entre 2006 et 2015.

Si le nombre d’enfants et d’ados âgés de 6-17 ans en surpoids est stable (autour de 17 %), la maigreur grimpe de 8 à 14 % chez les filles, et dans une moindre mesure (de 8,6 à 11,5 %) chez les garçons. «En resserrant sur la tranche d’âge des 11-14 ans, l’évolution est énorme : la maigreur touchait 4,3 % des filles en 2006, contre 19,6 % dix ans plus tard ! C’est près d’une ado sur cinq», pointe Benoît Salanave, épidémiologiste pour l’agence de santé publique.

Le spectre de l’anorexie

Mais qu’est-ce que la maigreur ? Techniquement, elle se définit par un indice de masse corporelle (IMC, c’est-à-dire le poids, en kilos, divisé par la taille, en mètre, au carré) inférieur à 18,5.

«Mais cela ne veut pas dire grand-chose pour des adolescents, pour qui la maigreur est plus souvent de l’ordre du psychique que du physique. C’est lorsqu’ils cherchent à diminuer leurs poids coûte que coûte ou que la pauvreté les contraint à faire qu’on parle de véritable maigreur. Elle peut aller jusqu’à l’anorexie mais elle n’est pas que ça», décrypte le Pr Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille (Hauts-de-France).

Le problème des challenges sur Internet

Selon Santé publique France, une grande partie des 11-14 ans concernés ont une maigreur de grade 1, soit la moins avancée (l’anorexie est de grade 3 ou plus). «Cela est plutôt rassurant même s’il faudra voir l’évolution, tempère Benoît Salanave. Pour l’instant, difficile d’avancer des explications même si l’hypothèse des challenges sur Internet comme celui d’avoir la même taille qu’une feuille A4 plane forcément.»

Une maigreur souvent signe d’un mal-être qui peut avoir des conséquences sur la santé. «Un ado qui s’alimente mal ou refuse des aliments se crée des carences. Cela joue sur ses capacités physiques et augmente sa fatigue», note Jean-Michel Lecerf. «Une maigreur en début de puberté peut faire reculer l’âge des premières règles chez les filles», reprend-il.

«Jusqu’à présent le programme national Nutrition Santé (PNNS) était plus axé sur le surpoids, ces nouvelles données entraîneront sûrement une remise à plat, fait remarquer Benoît Salanave. C’est une dimension qu’il faudra prendre en compte.»

Etude Esteban, réalisée auprès de 2 000 enfants.