Bien dormir même si on a (un peu!) trop bu
Le lieu commun selon lequel la consommation d’alcool ferait dormir d’un sommeil de plomb est un mythe. Au contraire, se coucher ivre après une nuit de beuverie aurait des effets désastreux sur le sommeil et l’organisme.
Atlantico : A partir de quelle quantité d’alcool ingérée pouvons-nous souffrir de troubles du sommeil ?
Vanessa Bedjaï-Haddad : L’intensité des troubles causés par la consommation d’alcool – les troubles du sommeil notamment – est directement liée à l’alcoolémie. L’alcoolémie, c’est la quantité (en grammes/litre) d’alcool dans le sang. Plus le taux d’alcool dans le sang est élevé, plus les troubles du sommeil seront importants.
Un verre correspond en moyenne à une unité d’alcool. Un verre de vin (10 cl) = une coupe de champagne (10 cl) = un verre de bière (25 cl) = un verre de whisky = un verre de pastis (3 cl quelle que soit la quantité d’eau ajoutée) = une unité d’alcool.
A partir de deux verres chez les femmes et de trois verres chez les hommes, l’alcoolémie est augmentée significativement et on parle de consommation excessive avec des risques à court et moyen terme.
En fait, l’alcoolémie ne dépend pas uniquement de la quantité d’alcool ingérée. Il faut prendre en compte le sexe de la personne (à consommation équivalente, les femmes sont plus sensibles à l’alcool que les hommes), le poids (plus on est léger, plus les effets de l’alcool sont importants) et l’alimentation (à jeun, l’alcool passe plus rapidement dans le sang et ses effets sont plus importants).
Quels sont les impacts négatifs d’une beuverie sur une nuit de sommeil (réveil intempestif, hallucination, nausée, etc.) ?
Chez ceux qui ont du mal à s’endormir, l’alcool donne parfois l’impression d’aider à l’endormissement. Sauf qu’en fait, les impacts négatifs surviennent plus tard dans la nuit et agissent sur la qualité et la durée du sommeil. Le sommeil se caractérise par une alternance de deux phases de sommeil profond (paradoxal) et léger. La consommation d’alcool va perturber la séquence sommeil profond/sommeil léger, entraînant un sommeil tourmenté et agité, des rêves inquiétants, des nausées, des ronflements… L’alcool suscite des phases d’éveil, principalement pendant la deuxième partie de la nuit et entraîne ainsi des réveils nocturnes, suivis d’insomnies… L’élimination de l’alcool par le corps provoque également des effets désagréables : des maux de tête, des poussées de transpiration, la sensation de bouche sèche, le besoin d’aller aux toilettes ; effets qui peuvent se prolonger tard dans la nuit, même après que l’alcool a été éliminé.
Comment faire pour éviter de souffrir des impacts négatifs d’une beuverie sur une nuit de sommeil ?
Déjà, il faudrait éviter les beuveries qui n’apportent rien de positif. Pour favoriser une bonne nuit de sommeil, quelques conseils simples : s’assurer que la pièce dans laquelle vous dormez est assez obscure et calme, la température proche de 18 degrés et votre matelas adapté. Essayez de vous coucher à heures régulières, évitez le stress et surveillez votre alimentation afin de ne pas dîner trop lourd le soir. Si vous avez prévu de boire de l’alcool, assurez-vous de bien manger avant, un repas équilibré, avec suffisamment de protéines, de glucides et de lipides pour que l’alcool ne soit pas trop rapidement absorbé par votre organisme. Ayez toujours un verre d’eau pour la soif et réservez l’alcool pour le plaisir.
Source: Atlantico – 4 mai 2016